Extrait N°15 de mon livre.... L’incertitude


L’incertitude 


                            « L'espérance est la morphine de la vie. »
                                           Citation de Louis Dumur  



Le professeur qui devait m’opérer se tenait devant moi. C’était un homme d’une quarantaine d’années. Il était vêtu d’un sous-pull noir et d’un pantalon de velours gris. Il s’est présenté de façon très sympathique :
 
— « Bonjour, je suis le professeur Kilic, du service neurochirurgie. » Il a ajouté en souriant :
—  Tu me réveilles, mais ne t’en fais pas, je vais quand même bien m’occuper de toi ! »  Ça m’a fait sourire. 

 
            Il avait lu avec soin le compte rendu de l’hôpital de Saint-Dizier, en ayant des petits pincements avec sa bouche qui ne présageaient rien de bon. Il m’avait expliqué avec simplicité l’opération qu’il  allait me faire. Ma vertèbre cassée allait être remplacée par un greffon osseux prélevé sur ma hanche. L’intervention allait durer plus de cinq heures et les résultats dépendaient de l’état de ma moelle épinière. Cet homme m’inspirait confiance. Après avoir lu le document et m’avoir donné toutes les explications possibles, il a posé les documents sur mon ventre avec beaucoup de retenue et m’a dit d’un ton déterminé :
—  Allez, je vais mettre ma tenue et m’occuper de toi. À tout de suite ! »
Une grande soif m’avait envahi, ma bouche était pâteuse. Malgré mes multiples demandes, le personnel soignant n’était pas autorisé à me donner à boire avant l’opération.
Une infirmière, très compréhensive m’avait humidifié les lèvres, ce qui n’étanchait pas ma soif, mais me faisait quand même grand bien.

Cinq ou dix minutes plus tard, j’étais face à l’anesthésiste, qui s’est présenté très brièvement avant de me poser quelques questions techniques. Le contact était un peu froid, aucune sympathie n’émanait de cette personne. J’avais plus l’impression de le déranger qu’autre chose. Il m’a posé une perfusion avec l’aide d’une infirmière, d’ailleurs plus avenante que lui. Il m’a prévenu :
— « Je vais bientôt t’injecter le produit pour t’endormir, cela va un peu chauffer le bras. »
Je lui ai fait un petit signe en fermant des yeux, et en l’espace d’une seconde, il n’y avait plus d’Antoine…
Mon corps s’abandonnait à la chirurgie et attendait la magie du réveil pour être ré apprivoisé.


La vie me souriait,
J’étais ravi d’être enfin endormi,
 quitte à ne pas revenir…

 

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