C’était sur un
petit nuage que j’avais ouvert doucement les yeux. Ce monde me paraissait si
calme, que j’osais à peine soupirer. Je me sentais vidé de toutes émotions, je
ne cherchais plus les réponses à toutes les questions, de ce dernier jour.
J’avais l’impression
de vivre dans un rêve dans ce lourd cauchemar si réel. Je m’étais retrouvé
allongé dans une ambiance, un éclairage et une odeur particulière, qui ne
ressemblait pas du tout à ce que j’attendais.
Mon esprit était
comme à un tas de ruines abandonnées, qui avait fui ce corps, en le laissant
sur un champ de bataille. J’avais comme une sensation de regarder à travers un
voilage où se mouvaient des silhouettes inconnues. D’un côté, j’étais prostré
dans ce silence, le repos de l’âme, la paix de cette blessure. De l’autre se
trouvait un monde réceptif, attentionné, sur le pied de guerre.
Ma vie était
partagée entre ces deux mondes-là ! La seule réalité qui me rappelait ma
présence sur cette terre, c’était ces petits branchements posés partout sur mon
corps et l’ensemble était rattaché à une machine qui émettait de petits
« bips », au son plutôt faible, sans jamais s’arrêter. Heureusement,
car c’étaient les pulsations de mon cœur ! Lui seul avait repris un rythme
normal, lui seul, donnait le tempo de ma vie.
Je n’avais
pratiquement aucune réaction émotive, je restais immobile sans savoir ce que
j’étais devenu, je ne voulais pas le savoir pour l’instant et surtout, ce qui
m’attendait une fois sorti d’ici.
Doucement, ma
conscience revenait, mais pas mon autonomie. Je pouvais qu’apercevoir des
barrières de couleur aluminium qui m’entouré, se garde-fou ne me servaient à
rien, car je ne pouvais pas m’enfuir. Si, mais que par la pensée.
J’étais
prisonnier dans ce corps perdu, mais je me sentais tout de même en confiance
dans ce lieu inconnu. J’étais ancré dans une chaire inerte, pris dans un corps
défectueux et toujours allongé dans la même position. Tous les bruits de ma vie
s’étaient transformés en gémissement autour de moi, quoi qu'il en soit, ils ne
duraient pas longtemps, car chacun de nous avait un ange gardien à ses côtés. D’ailleurs pour moi, cet ange gardien
c’était une jolie jeune fille blonde au regard tendre, elle s’était dirigée
vers moi avec son large sourire, et m’avait dit :
— « Bonjour
Antoine, je m’appelle Sophie et c’est moi qui suis chargée de m’occuper de vous
durant votre séjour aux soins intensifs. »
Pratiquement sans voix, je lui avais
murmuré :
—
« Est-ce que je peux boire ? »
C’était
impossible ; Sophie m’avait expliqué pour quelles raisons il fallait
attendre une heure ou deux.
À
chaque fois que j’ouvrais un œil, elle était là pour me tranquilliser,
s’assurer qu’il n’y avait aucun
souci. Cette belle jeune fille était là pour me sécuriser, d’ailleurs je
me laissais porter par ses messages rassurants, afin de diminuer ma douleur
psychologique, et c’est aussi grâce à une potion magique injectée dans mes
veines, ce goutte à goutte que je voyais couler jusqu’à mon bras, cette drogue
tranquillisante qui me faisait somnoler.
Mais
pour moi, c’était bien ce mécanisme de fuite, car il m’aidait à affronter ce
passage douloureux, je trouvais paradoxalement une sorte de liberté.
J’étais toujours dans un état de lassitude, dans une
atmosphère si paisible, dormir
était un vrai plaisir, un sentiment de plénitude sous ce drap blanc bien chaud,
là où mon esprit pouvait vagabonder dans une profonde quiétude, un moment où je
pouvais encore rêver et ne plus penser à ce dernier jour.
Commentaires
Enregistrer un commentaire