Extrait N° 16 du livre le souffle de l'espoir Maldémé Antoine... L’incertitude



C’était sur un petit nuage que j’avais ouvert doucement les yeux. Ce monde me paraissait si calme, que j’osais à peine soupirer. Je me sentais vidé de toutes émotions, je ne cherchais plus les réponses à toutes les questions, de ce dernier jour.   
J’avais l’impression de vivre dans un rêve dans ce lourd cauchemar si réel. Je m’étais retrouvé allongé dans une ambiance, un éclairage et une odeur particulière, qui ne ressemblait pas du tout à ce que j’attendais.
Mon esprit était comme à un tas de ruines abandonnées, qui avait fui ce corps, en le laissant sur un champ de bataille. J’avais comme une sensation de regarder à travers un voilage où se mouvaient des silhouettes inconnues. D’un côté, j’étais prostré dans ce silence, le repos de l’âme, la paix de cette blessure. De l’autre se trouvait un monde réceptif, attentionné, sur le pied de guerre.
Ma vie était partagée entre ces deux mondes-là ! La seule réalité qui me rappelait ma présence sur cette terre, c’était ces petits branchements posés partout sur mon corps et l’ensemble était rattaché à une machine qui émettait de petits « bips », au son plutôt faible, sans jamais s’arrêter. Heureusement, car c’étaient les pulsations de mon cœur ! Lui seul avait repris un rythme normal, lui seul, donnait le tempo de ma vie.
Je n’avais pratiquement aucune réaction émotive, je restais immobile sans savoir ce que j’étais devenu, je ne voulais pas le savoir pour l’instant et surtout, ce qui m’attendait une fois sorti d’ici.

Doucement, ma conscience revenait, mais pas mon autonomie. Je pouvais qu’apercevoir des barrières de couleur aluminium qui m’entouré, se garde-fou ne me servaient à rien, car je ne pouvais pas m’enfuir. Si, mais que par la pensée.
            J’étais prisonnier dans ce corps perdu, mais je me sentais tout de même en confiance dans ce lieu inconnu. J’étais ancré dans une chaire inerte, pris dans un corps défectueux et toujours allongé dans la même position. Tous les bruits de ma vie s’étaient transformés en gémissement autour de moi, quoi qu'il en soit, ils ne duraient pas longtemps, car chacun de nous avait un ange gardien à ses côtés. D’ailleurs pour moi, cet ange gardien c’était une jolie jeune fille blonde au regard tendre, elle s’était dirigée vers moi avec son large sourire, et m’avait dit : 
— « Bonjour Antoine, je m’appelle Sophie et c’est moi qui suis chargée de m’occuper de vous durant votre séjour aux soins intensifs. »
            Pratiquement sans voix, je lui avais murmuré :
— « Est-ce que je peux boire ? »
            C’était impossible ; Sophie m’avait expliqué pour quelles raisons il fallait attendre une heure ou deux.

            À chaque fois que j’ouvrais un œil, elle était là pour me tranquilliser, s’assurer qu’il n’y avait aucun souci. Cette belle jeune fille était là pour me sécuriser, d’ailleurs je me laissais porter par ses messages rassurants, afin de diminuer ma douleur psychologique, et c’est aussi grâce à une potion magique injectée dans mes veines, ce goutte à goutte que je voyais couler jusqu’à mon bras, cette drogue tranquillisante qui me faisait somnoler.
            Mais pour moi, c’était bien ce mécanisme de fuite, car il m’aidait à affronter ce passage douloureux, je trouvais paradoxalement une sorte de liberté.
J’étais toujours dans un état de lassitude, dans une atmosphère si paisible, dormir était un vrai plaisir, un sentiment de plénitude sous ce drap blanc bien chaud, là où mon esprit pouvait vagabonder dans une profonde quiétude, un moment où je pouvais encore rêver et ne plus penser à ce dernier jour.

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